jeudi 14 février 2013

Quick Review (12) : Bai Ji Guan 2010 (EoT)






Voici quasiment deux ans que ce thé attend que je le regoûte. Notre première rencontre fut courte. J'avais fait l'erreur d'essayer de le boire sur un estomac vide. Résultat : au bout de trois infusions, mon ventre criait famine, et il m'avait fallu faire une pause avant de le reprendre. Cependant, je n'avais jamais retrouvé toutes les qualité originelles de ce thé plusieurs heures après.

Voici donc ma revanche. Précisons que je ressors ce thé aussi car Romuald en a parlé récemment. Nos paramètres sont assez différents, et cela va à mon avis jouer sur le résultat.









J'utilise 7 grammes de feuilles, dosage relativement raisonnable pour moi ces derniers temps. Je dois avouer avoir pris goût aux dosages de cochon avec les thés torréfiés. Généralement, je vise 1 gramme par centilitre pour les Tie Guan Yin et autres wulong taiwanais torréfiés. Je fais légèrement moins avec les Yancha, dans les 7-8 grammes en général.

Je vais faire 3-4 passes en zhong avant de transvaser les feuilles dans ma Ba Le, dédiées aux thés torréfiés.









Les feuilles sèches sont très prometteuses. On est clairement dans le même registre que certains Dan Cong. Sous la couche de notes torréfiées, se cachent des arômes de fruits (raisin sec) avec une pointe d'exotisme. Le tout est très équilibré.

Dans le zhong chaud, c'est assez difficile à décrire, je ressens comme une certaine fraicheur alliée à la pointe d'exotisme ressentie précédemment.

Rincage flash pour réveiller les feuilles et enlever l'écume. Le nez bascule. De la poire alliée à des notes de cacao ? Litchi ? Je ne sais si mes sens sont fidèles ou non, mais disons juste que c'est très agréable.









Première infusion flash, limpide. L'arôme des feuilles devient très fruité et minéral. La liqueur est un peu tannique, légèrement astringente (dosage oblige), mais passe toute seule au niveau de la gorge laissant une sensation agréable. Je ne saurais décrire le mélange de fruits qui reste en bouche, mais ce qui m'étonne c'est leur prédominance par rapport aux notes pyrogénées, très en retrait.

Deuxième, une petite dizaine de secondes. Toujours aussi fruité. La texture est plus grasse, le thé moins astringent aussi. C'est très agréable, pas trop puissant mais franchement fruité. Des images de chaire de fruits me viennent en tête alors que la longueur opère (poire, litchi). Il y a quelque chose de fumé aussi en arrière plan, comme du pin fumé (je pense au Zheng Shan Xiao Zhong, Lapsong Souchong de Terre de Chine pour ceux qui connaissent).









Arrivé à la troisième, le thé est plus lisse et coule tout seul, stimulant chaque partie de la bouche rencontrée. C'est encore légèrement astringent, mais les sensations en bouche sont tellement belles que ça ne me dérange aucunement. Le fruité est intense, le fumé est toujours dans le paysage.

Une quatrième et dernière avec la porcelaine, et ce sera au tour de la théière. Ce thé est vraiment long. Les effluves de fruits se succèdent si bien qu'il semble vain d'attendre qu'elles finissent avant d'enchaîner.









J'allonge un peu les temps d'infusion, le volume de ma Ba Le étant plus important que celui du gaiwan que j'ai utilisé.

C'est bien le même thé que je bois, mais il m’apparaît de manière légèrement différente. La texture d'abord est d'une douceur sublime. C'est soyeux et le thé s'en retrouve moins astringent. Les sensations de gorge sont plus agréables aussi. Le thé perd peut-être en détail, mais le troc est rentable : on les retrouve de toute façon dans la longueur, et le raisin sec l'emporte à présent sur le reste.









La session s'est poursuivie dans le calme. Le thé a tenu un bon moment avant d'être totalement épuisé. 

Je note que ma théière a encore besoin de voir du paysage pour être plus performante. Elle "boit" encore beaucoup de choses, malgré les infusions de plusieurs heures/jours en fin de session. Ce genre d'instrument demande à un bon culottage, des dizaines de sessions, et de ne pas rester trop longtemps sur l'étagère. Il faut être patient. Mais jamais cela dit je n'ai eu de rendu aussi propre et prometteur avec une théière neuve. La suite est donc prometteuse...


À bientôt !






6 commentaires:

  1. Même si on a visiblement tous croisé des versions assez différentes de cette "crête de coq blanche", on est en tout cas tous assez d'accord pour le classer un peu à part dans cette famille des wulongs de Wuyi. Pour moi c'était une version très peu torréfiée et un régal. Seul regret, ne pas en avoir ramené plus à l'époque... mais bon, les compagnies aériennes n'ayant toujours pas de tarifs spéciaux pour les amateurs de thé, on ne pouvait pas décemment en ramener plus. Et pour le moment je n'ai pas trouvé d'équivalent chez les revendeurs occidentaux.
    A bientôt!

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    1. Le problème n'est pas trop d'en trouver, mais qu'ils soient de qualité... Bai Ji Guan, Da Hong Pao, Bei Dou Yi Hao, autant de noms qui inspirent les vendeurs peu scrupuleux ou qui ne savent pas ce qu'ils vendent. Mieux vaut en boire rarement, mais être sûr de leur authenticité, surtout vu les prix pratiqués...

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    2. C'est bien ce que je voulais dire : impossible de retrouver un Bai ji guan de style et de qualité équivalente. Ils sont en général plus torréfié (nettement) et souvent même plus oxydé que celui qui m'avait tant plu. Quand au prix, no comment!
      Et si ça restait l'apanage des thés de Wuyi les plus connus, ce serait limité. Mais même pour des thés plus "simples" comme Rou gui, Shui xian, la qualité est loin d'être souvent au rendez-vous, encore plus si on le rapporte au niveau des prix proposés ici et là.

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    1. Une peau douce de bébé qui j'espère va évoluer rapidement. Toki m'avait dit qu'il suffisait de 20 sessions pour remarquer des traces visibles de culottage. Mais vu les dosages qu'il pratique, je pense que je peux m'attendre à plus !

      En ce moment même : 2011 Fall Golden Buddha's Hand traditional fired, 1g/1cl, que du bon ! C'est avec ce genre de terre et de paramètres que je comprends mieux l’engouement pour les thés style TGY torréfiés. Je comprends aussi pourquoi les amateurs recherchent des théières de 40 ou 50ml : ça revient à beaucoup moins cher...

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  3. 7-8g... Tu as certainement raison, j'avoue que l'expérience est plus intense avec de forts dosages, surtout avec les Yan Cha de qualité et un peu anciens.
    ça fait plaisir de voir que tu retrouves cette sensation lisse et douce dans les dernières infusions, j'adore cet instant.
    Mon dosage plus léger peut faire passer à côté de l'aspect Lapsong Souchong que tu évoques.

    Pour la qualité des thés de Wuyi, je suis d'accord avec Fabien : la qualité est rarement au rendez-vous et on a souvent l'impression de payer le plaisir du folklore. Leur forte torréfaction facilité aussi une variation de qualité moins identifiable que pour des Gao Shan Cha ou des thés verts.

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